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Blues n°22 : Jesus
Screamin' Washington par Lénine Mac Donald
L'ancien bassiste de Jesus Volt est un
homme plein de talents. Musicien (http://www.myspace.com/moleninemcdo)
mais aussi auteur, sa nouvelle Jesus Screamin'
Washington nous a séduite : c'est du blues à lire et
c'est aussi bon que du blues à écouter ! Merci
Mo...

Le train de 18h45 entrait en gare ; seraient-ils au rendez-vous ? Agathe regardait cette vieille locomotive qui semblait épuisée par
un aussi long voyage. Depuis Brive-la-Gaillarde, ce vieux pousse-cul s'était certainement arrêté une centaine de fois pour
arriver jusqu'ici, à Lincou. Agathe ne connaissait rien des visiteurs américains qui descendraient à sa rencontre, mais elle se
disait qu'elle n'aurait certainement pas trop de mal à les reconnaître.
Elle imaginait déjà le même air perdu qu' " il " avait au début. Et puis, il n'y avait plus grand monde qui descendait ici si ce n'est quelques personnes âgées revenant de Rodez. Cette ligne allait s'éteindre avec eux au nom de la rentabilité. Ce mot avait un goût de plus en plus amer dans la bouche d'Agathe. Que de choses gâchées en son nom, pensait-elle. Tiens, la musique, par exemple. Comment une passionnée de musique et surtout de blues pouvait-elle accepter ce terme aussi réducteur ? Allez expliquer à un vieux Blues Man du fin fond du Mississipi qu'il faut être rentable. Elle pouvait imaginer la réponse. Jésus lui avait appris tellement de choses là-dessus. Quand on dit que les souvenirs peuvent vous exploser à la gueule.
Jésus était un afro-américain, comme il aimait à le répéter, échoué par la vie au beau milieu de l'Aveyron, dans les gorges du Tarn. Il était venu avec tant d'autres libérer notre pays des griffes du maréchal " Putain ", le chien-chien à Hitler, dixit les anciens résistants du coin. Blessé en Normandie près de Lisieux, Dieu lui avait parlé, mais ses compagnons l'avaient cru mort. Une jeune Française l'avait trouvé et conduit à l'hôpital où il était resté en convalescence plusieurs mois pour finalement être rapatrié. Il était revenu en France dans les années 60.
- L'Amérique m'a abandonné et oublié comme elle veut oublier son passé, hurlait-il quand il fusionnait avec le tord-boyaux local qui lui rappelait celui de sa ferme natale. Tout le monde l'appelait Jésus parce qu'il ne voulait plus de son nom américain ni même de son prénom : Washington. Il disait qu'il était un ancien prêtre encore au service de Dieu. Mais lorsqu'il oubliait ses prières, il rejoignait Satan dans ses virées à la poursuite de l'alcool et des femmes. Pour surmonter ce genre de tentations, il prêchait le Blues et sa vieille guitare qui le quittait rarement l'aidait à se mettre en transe. Il aimait à raconter qu'il laisserait son âme à l'intérieur, avant de mourir.
- Je suis bien obligé de naviguer entre les deux mondes pour capter et vous faire comprendre les mystères insondables de la vie, disait-il. Le blues est un peu la musique du diable mais c'est Dieu qui la nourrit.
On est bien obligé de prendre les deux cotés de la pièce que l'on vous donne. Cela faisait bien évidemment grincer les dents des vieilles bigotes du cru qui n'oubliaient pas de se signer consciencieusement chaque fois qu'elles croisaient ce " Jésus " là. Il était un sujet de controverse à Lincou, mais il avait été accepté tant bien que mal. Il animait la petite bourgade à sa manière. Et puis, tout le monde était d'accord sur une chose à son sujet. Le Blues, il l'avait dans la peau et le chantait divinement bien.
Musique du diable ou pas, les soirs où il prenait sa guitare, le village restait éveillé une bonne partie de la nuit, vibrant sur les trois accords que plus personne alors ne maudissait. Le patron de l'unique bar du village demeurait son plus fervent admirateur et défenseur. Agathe avait accueilli Jésus chez elle depuis son arrivée ou presque. L'amour qu'elle lui portait était un mélange de bonheurs, prières et pardon. Derrière Jésus, il y avait une femme qui n'était pas une sainte mais qui en avait parfois l'étoffe. Le train s'arrêta dans un grincement strident, bien loin des hurlements sauvages d'
Howlin'Wolf. Elle savait juste qu'ils étaient de sa famille, venus lui rendre un dernier hommage. Cela faisait un mois que Jésus avait pris son dernier train, mais cette fois sans valise à la main. Agathe se demandait encore par quel miracle ils avaient pu le retrouver. Qui étaient-ils et qu'attendaient-ils vraiment de ce voyage ? On ne retrouve pas sans raison une personne que l'on a perdue de vue depuis si longtemps. Elle ne connaissait quasiment rien de l'histoire de son bonhomme sur le sol américain. Lui ne voulait pas en parler. Elle avait alors imaginé les champs de coton, la pauvreté, le racisme et toutes sortes de choses empruntées aux biographies de tous ces Blues Man :
Blind Lemon Jefferson, Charlie Patton
et bien d'autres. Elle ne devait pas être très loin de la vérité, pas plus loin en tout cas que tous ces " on dit " qui construisent les légendes. Dans son cœur à elle, Jésus ne pouvait être que de ceux-là. Il en avait le talent, il avait dû certainement en partager la souffrance. Quand il chantait, sa voix ne semblait plus lui appartenir. Elle était comme guidée par un flux étranger, explosant de maîtrise et d'émotion. C'est simple, son corps semblait disparaître et ne faire qu'un avec l'univers. Difficile de poser un âge sur les visages de cet homme et de cette femme qui descendent du train. Leurs yeux sont dissimulés derrière des lunettes noires. Même s'il y avait eu mille personnes sur le quai, il leur aurait été difficile de passer inaperçu. Costumes tirés à quatre épingles, Hollywood débarque en pleine campagne aveyronnaise. Ce n'est pourtant pas cela qui choque Agathe. Contrairement à la femme, l'homme qui s'avance vers elle a la couleur de peau la plus blanche qu'elle ait jamais vu ! Après leur avoir fait un signe, Agathe sent monter en elle une bouffée de chaleur accompagnée d'un léger malaise.
- Hi, my name is Peter and this is my sister Bessie . Heu… Vous aîtes Agothe ?
- Oui, nisse to meet you Peter , Bessie. Euh, my car est devant la gare. Je n'habite pas très loin d'ici, bredouilla Agathe.
- Ho, ok but… Nous avons une hôtel. No worries . Nous nous voyons tomorrow morning, 10h ?
- Ah… Bon, comme vous voulez. Je pensais que vous voudriez voir où il vivait, marmonna Agathe un peu surprise.
Elle les emmena à l'hôtel. Il y eut très peu de mots échangés, mais cela n'était pas seulement dû à la barrière de la langue. Les rencontres aussi étranges sont toujours imprévisibles. Agathe était contrariée, elle aurait tellement voulu partager tout de suite ce qu'elle avait sur le cœur. Après tant d'années passées ensemble, son homme lui manquait et elle souhaitait le retrouver à travers ses enfants dont elle n'avait jamais entendu parler. Tout à présent lui donnait l'impression qu'il y avait un passé lourd à porter. Elle se souvenait de certaines nuits où, en rentrant de concert, il restait seul dans la cuisine. Elle allait se coucher et l'entendait se parler à lui-même, parfois crier, se maudire. Cela l'empêchait de dormir, mais elle n'osait pas retourner le voir. Au petit matin, il était toujours à la même place, endormi sur une chaise, la tête entourée de bouteilles vides sur la table de la cuisine. Il disait que la musique grignotait son âme de l'intérieur mais qu'il ne pouvait rien changer. Les vraies passions sont toujours dévorantes et il était né avec le blues. Une opération chirurgicale n'aurait pas suffi à lui enlever ce qu'il avait dans la peau. " The first time I met the blues, mama, he came walkin' through the woods… " Il ne connaissait pas vraiment son âge, mais il disait qu'il était né autour des années 1920.
- Alors les Américains ? Où ils sont ?
Agathe savait en entrant dans le bar qu'un chapelet de questions l'attendait. Comme d'habitude tout le monde feignait l'indifférence. La preuve en était qu'une bonne partie se trouvait là par le plus grand des hasards, ce hasard que l'on appelle aussi curiosité.
- Ils sont à l'hôtel chez Henriette, dit Agathe.
- Et pour quoi faire ? demanda le patron du bar.
- Pour dormir, pardi ! Henriette, elle ne vend pas son hôtel que je sache !
- Mais je croyais que…
- Et bien moi aussi figure toi, je pensais qu'ils venaient dans la maison de leur soi-disant père !
- Allez bois un coup, va !
La discussion tournait court. Agathe n'avait plus envie de parler. Comment expliquer en plus que Peter était un blanc, elle-même n'y comprenait rien ! Les clients du bar retournaient à leurs occupations premières. Les uns jouaient aux cartes, les autres regardaient leurs verres comme on regarde une boule de cristal, essayant de percer les mystères insondables de l'alcool.
Les notes de la guitare de Jésus résonnaient à présent dans la tête d'Agathe. Il manquait sa voix, son âme, ce chemin qu'il avait tracé. Il n'y avait aucun enregistrement de lui.
- La vie n'est qu'un passage, avait-il dit. Les seules traces que l'on peut laisser doivent être gravées à tout jamais dans le cœur de ceux que l'on aime. Le reste, c'est de la poudre aux yeux. Pour lui, figer la musique sur une bande était perdre un peu de son âme. Il refusait de capturer les notes. Il avait peur qu'elle ne vibrent plus jamais de la même manière autour de lui. Le vrai pacte avec le diable était bien là, vendre sa musique à un marchand pour qu'il vous offre une gloire qui n'appartenait à personne. Il n'en disait pas plus. Les mots restaient figés, comme si quelque chose l'empêchait d'aller plus loin dans sa réflexion. Les traces de son passage sur terre étaient bien gravées
dans le cœur d'Agathe. Jésus joua toute la nuit dans ses songes, il posa sa guitare au lever du jour. Elle se réveilla la tête dans un étau, allongea le bras pour poser sa main sur l'oreiller voisin où il n'y avait personne. Il était 8h30 et elle savait déjà qu'elle serait en retard au rendez-vous.
- Asseyez vous agothe. We are waiting for you .
Agathe n'osait pas lever les yeux sur l'horloge placée juste au-dessus de Peter.
- Faisons d'abord les présentations. Mais excuse mon Français, je ne parle pas beaucoup depuis l'université.
Ils discutèrent la majeure partie de la journée, mélangeant les mimiques gestuelles pour appuyer le Franglais qui émergeait parfois difficilement de la discussion. Agathe apprit sans surprise que Peter ne faisait pas réellement partie de la famille mais il était, de ce qu'elle avait compris, un ami très important aux yeux de Bessie, la fille naturelle de Washington. Cela faisait des années qu'elle s'était mise en quête de son père. S'il n'y avait pas eu Internet, elle chercherait encore. Peter était tombé sur une discussion. Un " chat " sur le net où un fan de blues parlait d'un chanteur Américain extraordinaire qu'il avait vu, il y a longtemps. C'était le nom du morceau dont il parlait qui l'avait mis sur la piste : The first time I met the blues, mama. Il était entré en contact avec cette personne et de fil en aiguille il avait retrouvé la trace de Screamin'Washington. Bessie parla alors de l'histoire que lui racontait sa mère. Quand Jésus était rentré de la guerre, il n'était plus le même jeune homme qu'elle avait connu avant. Il essayait désespérément d'oublier ce qu'il avait vécu et s'enfermait dans sa musique. Leur amour déclinait lentement, à la manière d'un réservoir percé, laissant s'échapper le précieux liquide goutte-à-goutte. Il venait de signer un nouveau contrat avec la maison de disques qui était en contact avec lui avant la guerre. Il y avait eu une séance d'enregistrement avant qu'il ne parte pour l'Europe. Il voulait réenregistrer deux morceaux auxquels il tenait absolument. The first time I met the blues, mama était l'un de ces deux morceaux. Il possédait une mélodie puissante et envoûtante. Le lendemain des prises, Screamin'Washington disparut du sol Américain pour ne plus jamais y revenir. Personne ne retrouva sa trace. On était en 1960, Bessie était née deux ans auparavant. Agathe avait raconté à son tour son histoire avec Jésus Screamin'Washington, mais elle n'avait jamais entendu parler de cet enregistrement ni de ce contrat. Elle ne pouvait s'empêcher de penser à la possibilité d'entendre à nouveau la voix de son homme. Ce qu'elle avait imaginé à son sujet était donc vrai, il faisait partie de la légende du blues, son Jésus à elle !
L'histoire de Sreamin'Washington était presque complètement reconstituée à la fin de la journée. Son départ au milieu de l'enregistrement restait inexpliqué et ce secret, il l'avait emporté avec lui. Il n'en avait jamais parlé à Agathe. Une vie peut-elle être déchiffrée de bout en bout ? Quoi que l'on fasse, il existe toujours une part d'ombre en chacun de nous. Ils allèrent le lendemain sur sa tombe. Agathe avait fait inscrire : " ci-gît Jésus Washington, Blues Man américain, Priez pour lui comme il a chanté pour vous. " C'est le curé qui avait demandé que l'on rajoute Washington. Cela bien évidemment sous la pression des bigotes du coin qui devenaient parfois proches de l'hystérie quand on voulait porter préjudice à leur seul amour sur cette terre. Il aurait été presque impossible de l'enterrer sous le seul nom de Jésus. Peter s'approcha de la tombe et sembla très irrité à la vue de l'inscription. Il prit à part Bessie et eut une discussion très tendue avec elle. À certains moments, le ton qu'il prenait était très dur et il ne se maîtrisait que difficilement. La tension retomba et Peter revint vers Agathe.
- Il faudra changer le nom sur la tombe. Il ne peut pas garder ce nom-là. C'est impossible.
- Peut-être que je peux rajouter son vrai nom, se hasarda Agathe.
- No, Il faut tout changer, je regrette. I'm really sorry,but you must do that ! Peter se retourna vers Bessie, lui dit deux mots et sortit précipitamment du cimetière. Elle regarda Agathe, tenta un sourire et rejoignit Peter. L'incident fut clos ainsi, dans le silence. Arrivés à l'hôtel, Bessie prit Agathe dans ses bras.
- Nous prenons le train demain à 12h mais nous reviendrons bientôt, you can count on that ! tomorrow morning 10h, ok ?
Le lendemain matin, Agathe était à l'heure. Elle poussa la porte et tomba sur Henriette qui semblait l'attendre.
- Ils viennent de partir, tes Américains ! J'ai dû appeler René pour qu'ils les emmènent à l'aéroport de Toulouse. C'est eux qui ont insisté ! Agathe avait du mal à cacher sa surprise.
- Ils n'ont rien dit ? ils t'ont bien laissé un mot ou un contact, ils m'avaient dit que…
- Rien de rien, ma pauvre fille ! Et puis, tu sais bien que je ne parle pas l'américain ! Mais, ils ont dû aller voir le Maire. Ils m'ont demandé après la Mairie.
Ce fut bien de la bouche du Maire qu'Agathe apprit la raison de leur visite :
- Je ne sais pas trop ce qu'ils m'ont baragouiné mais j'ai cru comprendre qu'ils voulaient récupérer le corps de ton Jésus. Tu te rends compte un peu, le pauvre bougre. Je me souviens que tu m'avais dit qu'il avait bien insisté pour être enterré ici et nulle part ailleurs. Ils ont tout essayé, même de l'argent ! Ces Américains, il faut qu'ils arrêtent de croire que l'on peut tout acheter !
Quelques mois plus tard, un courrier arriva à la Mairie pour réclamer le corps de Screamin'Washington, allant jusqu'à menacer de porter l'affaire au tribunal si rien n'était fait dans ce sens. Aucune raison particulière n'était invoquée. Les avocats ne souhaitaient pas en dire plus. De discussions en négociations, il s'avéra que c'était la guitare du Blues Man qu'Agathe avait soigneusement conservée qui était convoitée. L'étui n'avait pas changé de place depuis la mort de Jésus. Il trônait dans le salon. Peter et Bessie avaient évoqué le sujet, mais c'était après l'incident du cimetière, et Agathe leur avait dit qu'elle était enterrée avec lui. C'est ce que Jésus avait souhaité, mais elle n'avait pas voulu tout perdre d'un coup. Un jour, Agathe reçut un coup de fil d'un ami. Il venait d'acheter une compilation récente de vieux blues où se trouvait un morceau de Screamin'Washington : " the first time, I met the blues, mama. " Il habitait Toulouse et Agathe se rua le soir même chez lui. Il était onze heures du soir et elle fit le trajet dans un brouillard complet. Une heure plus tard, elle était assise dans son salon. Tout son corps tremblait. Les premières notes de guitare retentirent dans le casque. Ce moment, elle le voulait pour elle seule. Agathe avait tout de suite interdit à son ami d'écouter le disque avant qu'elle n'arrive chez lui. Il avait même dû sortir de la pièce. L'émotion lui sauta au cou. Des larmes lui montèrent à la gorge. Elle était incapable de les retenir alors que la voix de son seul amour retentissait. Elle mesurait à cet instant précis combien il lui manquait.
The first time I met the blues, mama, he came walking through the woods.
And I saw the devil, too. Oh Lord, don't you want to tell me the truth ?
Blues is where I go. Blues is where I got to go.
But you don't want to save my soul. No, you don't want to save my soul
Comment faisait-il pour ressentir aussi profondément l'âme de cette terre ? Sa voix déterrait des chiens et des loups, et les corps des hommes enfouis depuis plus de mille ans, toutes ses racines africaines, ce peuple vendu par des rois sans scrupules à des hommes qui se donnaient tous les droits au nom d'un Dieu alors tout puissant. Son blues à lui provenait de cette souffrance et de ce puissant mépris de l'humanité que l'on respirait parfois, mélange détonant d'amour et de haine. La musique traversait son corps et il lui était impossible de se taire. Ses cordes vocales faisaient trembler les âmes et il fallait se tenir solidement debout pour ne pas tomber. Pourtant, au beau milieu de ce torrent se tenait l'amour, emportant sur son passage ceux qui résistaient encore. Ce fil tendu réunissait les cœurs dans cette communion en prenant des allures solennelles. Quand Jésus Screamin'Washington terminait une chanson, il regardait l'assistance et son cœur à lui souriait enfin le temps des applaudissements. Les instants magiques sont ceux qui sont ressentis par chacun des acteurs du moment, musiciens et spectateurs. La vie prenait alors tout son sens. Dieu et Diable le courtisaient et l'éternelle lutte redémarrait.
Lui, Jésus Screamin'Washington, avait vendu un jour son âme à l'un et à l'autre, et au fond de sa tombe, il en riait encore.
Agathe rentra chez elle. Refusant le sommeil, elle préféra s'abrutir devant la télé. Elle l'alluma et reconnut immédiatement le morceau. The first time I met the blues, mama . Il servait de jingle pour une publicité ventant les prouesses d'une nouvelle voiture. " Plus besoin de vendre son âme au diable ! ", disait le slogan. Il y eut un bruit sourd dans le salon. Agathe sursauta. L'étui de la guitare de Jésus Sceamin'Washington venait de tomber par terre. Dans le choc, il s'était ouvert. La guitare avait disparu.
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