Jeff Beck "Who else !" Sony 1999

 


Jeff Beck "you had it coming" Sony 2001

Le point de vue du guitariste :

Du point de vue matériel Jeff Beck utilise essentiellement des Fenders strato et télécaster mais il possède également des Les Pauls. Pour ces dernières, il trouve qu’il sonne trop comme n’importe quel autre guitariste... Il affectionne particulièrement une strato avec un corps de 1959 et un manche de 1962 équipée de micros Seymour Duncan Alnico. Côté amplis, les deux configurations principales sont deux Marshalls utilisés en individuel ou stéréo, ou un Fender Twin couplé avec un Fender Princeton. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Beck n’est pas un gros adepte des effets, mais il sait suffisamment les doser pour que le grain ampli-guitare ne soit pas effacé derrière ces machines. Il a néanmoins acquis un Digitech gsp21 Legend qui doit lui permettre d’obtenir tous ces sons un peu spatiaux qu’on lui connaît sur ses derniers cds. Son effet préféré reste la reverb lexicon, Rolls des reverbs.
Mais l’essentiel ne réside pas là… Beck est doté d’une technique main droite très spécifique, alternant doigts et médiator, (il a laissé tomber l'usage systématique du médiator depuis la tournée "there and back" de 1980, où un soir perdant par inadvertance ce petit ustensile en plastique sur scène, il s'est rendu compte qu'il jouait aussi bien, voir mieux...)

Toujours est il que son jeu au pouce lui permet de gommer les attaques du médiator et d’avoir un son qui parfois peut s’identifier au sifflet d’une voix humaine. L’utilisation du vibrato est son effet de jeu n°1. Il l’a développé à un tel niveau que l’on croit parfois entendre de la slide guitare. 
Pour ce qui est de son jeu, Beck est un véritable juke-box à riffs qui sont parfois d’une simplicité et d’une efficacité redoutables, (réécoutez space for the papa sur who else !). Dans ses solos, bien qu’il soit doté d’une super technique, on ne trouvera jamais de clichés guitaristiques parfois inutiles à la Steve Vai ou Satriani. Ce qui importe, c’est le son, la note et la respiration. De ce point de vue, c’est plus que réussi et il n’a pas besoin de montrer à la terre entière qu’il est le guitariste le plus rapide du monde. D’ailleurs à ce sujet il considère que la guitare électrique s'est ridiculisée dans les années 80….
Je crois que le seul élément où Beck pêche un peu, ce sont les compos… Bons nombres de ses morceaux sont plus qu’efficaces mais il n’en reste pas moins qu’il n’a pas écrit un little wing ou un good bye pork pie hat

Pascal Swampini, décembre 2004